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 Climat – On veut que ça bouge

Le conseiller d’Etat Didier Castella a rencontré deux jeunes militants de la cause climatique, Cléa Voisard et Léo Tinguely, pour confronter leurs points de vue.


La Liberté, 15 mars 2019 – Magalie Goumaz

Débat  La grève des jeunes a pris le monde politique de court. Le conseiller d’Etat fribourgeois Didier Castella l’a publiquement critiquée. La Liberté a organisé une rencontre entre deux militants et le magistrat.

Monsieur Castella, vous avez récemment critiqué la grève des jeunes pour le climat. Qu’est-ce qui vous dérange?

Didier Castella: Je suis très heureux que les jeunes s’engagent en faveur du climat, et je trouve très sain qu’ils participent au débat démocratique. Par contre, j’ai entendu des enseignants dire que la grève était un enseignement civique. Je ne cautionne pas cette approche. J’estime que tout ce qui touche à la formation ou à la propagation d’une opinion est d’ordre personnel et ne doit pas interférer avec les obligations scolaires ou professionnelles. Ce que je dis n’a rien à voir avec la cause, c’est une question de principe. De plus, les élèves qui font la grève vont à l’encontre de leurs propres intérêts. Ils étudient pour se former. Y renoncer, même quelques heures, est contre-productif pour leur avenir.

Léo Tinguely: Avons-nous le choix? Le 13 octobre à Genève, une marche pour le climat a réuni près de 3500 personnes. Mais avec quel impact? Aucun. Si nous nous étions contentés d’organiser une manifestation un samedi, je suis certain que nous aurions connu le même sort. Si Greta Thunberg n’avait pas choisi ce moyen, on n’en parlerait pas. Et je ne partage pas votre opinion. Le rôle de l’école est aussi de former les jeunes à prendre des décisions, à se positionner et à défendre publiquement leurs arguments. Vous attarder sur la forme alors que vous devriez privilégier le fond montre tout simplement que vous ne voulez pas vous investir pour cette cause.

DC: Bien au contraire. Mais contrairement à vous, ce n’est pas la portée médiatique d’une action qui m’importe. Je préfère m’intéresser et me concentrer sur les solutions. C’est mon rôle en tant que membre d’un exécutif.

Cléa Voisard: Et c’est justement pour vous y inciter que nous avons organisé cette grève. Pas pour sécher les cours. Les politiciens doivent se réveiller. Et je crois qu’on peut dire que notre mobilisation a permis de créer un débat qui n’existait pas auparavant. Elle fait bouger les choses. Enfin.

Vous reconnaissez ce mérite, Monsieur Castella?

DC: C’est vrai. Cette grève a permis de sensibiliser un large public. De ce point de vue, l’exercice est réussi, je ne vais pas le nier. J’espère maintenant qu’on ne va pas chaque fois organiser une grève pour avoir un impact médiatique, sinon on aura un vrai problème de société. Et j’espère surtout que les grandes déclarations seront suivies d’actions. Pour progresser, il faudra prendre des décisions et admettre qu’elles peuvent aller à l’encontre d’une certaine qualité de vie et de notre confort personnel.

Le vent n’est-il pas en train de tourner? La thématique s’impose partout, autour des tables familiales, dans les parlements cantonaux…

DC: J’avais cette impression jusqu’à ce que le Grand Conseil refuse en février dernier de limiter les déductions fiscales pour les frais de déplacements. De plus, il prend cette décision un jour après avoir adopté une résolution sur le climat. Là, je me suis dit qu’il y avait encore du chemin à faire et que ce n’était pas gagné. Mais les mentalités changent, c’est indéniable.

LT: Reste qu’il y a aujourd’hui une urgence climatique qui nécessite des mesures d’envergure. Nous devons avoir pour objectif zéro carbone, tout simplement.

DC: Le politique a un rôle à jouer, c’est indéniable. Mais, dans notre société démocratique, il ne peut rien faire s’il ne parvient pas à convaincre les citoyens. Or, il n’y a qu’à voir le résultat de certaines votations pour comprendre les limites de son pouvoir.

CV: Je pense que les gens n’ont pas encore suffisamment conscience des impacts du réchauffement climatique. Ils croient que, en vivant en Suisse, un pays riche, ils seront épargnés. C’est faux, et il est impératif qu’ils le comprennent. Lorsque ce sera le cas, ils seront d’accord de changer.

Le PLR suisse se demande s’il ne doit pas opérer un virage en matière de politique climatique. Il lance une consultation afin de revoir ses positions. Vous saluez ce changement?

DC: Oui, car j’admets que mon parti ne s’est pas suffisamment préoccupé de ces questions, et ça fait longtemps que je dénonce les blocages dans ce dossier.

Les jeunes ont-ils encore confiance dans la politique?

CV: C’est dur d’avoir confiance dans un système qui a failli jusqu’à maintenant. Mais oui, j’ai envie d’y croire. J’ai envie de croire que le système politique, suisse et fribourgeois, peut apporter des solutions. Moi-même, je ne veux pas entrer dans une confrontation directe avec les politiciens. Ce n’est pas mon but de dénigrer la politique. Je veux juste que ça bouge.

DC: Vous me faites plaisir, car on a besoin de cette confiance.

LT: Sauf qu’à vous écouter, M. Castella, on a l’impression que vous savez tout et que nous sommes le peuple d’idiots qui ne veut pas changer son mode de vie et de pensée. Non, moi je n’ai pas confiance. Surtout lorsque j’entends certains propos, venant de votre propre camp ou de l’UDC. Et n’est-ce pas vous, monsieur Castella, qui avez cru bon de brûler symboliquement des sapins au sommet du Moléson pour lancer votre campagne pour l’élection au Conseil d’Etat?

DC: Les attaques personnelles ne font pas évoluer les causes pour lesquelles on se bat, M. Tinguely.

LT: Reste que vous ne cessez de parler de responsabilités individuelles. Je pense que c’est valable pour tout le monde. Vous les politiciens, vous êtes comme les passagers du Titanic. Vous voyez l’iceberg, mais vous réfléchissez à la meilleure blague pour rester dans l’histoire.

DC: Sachez que tous les jours, je parle de mesures concrètes pour diminuer l’impact environnemental.

Cela fait trente minutes que vous débattez. Que retenez-vous de cet échange?

DC: Je crois en l’être humain, donc je crois en les jeunes. J’ai moi-même des enfants, et je leur souhaite le meilleur monde possible. Pour cela, l’effort doit être collectif. Ce qui implique que toutes les générations et tous les partis dialoguent. Et qu’ils oublient la forme pour parler du fond. Je suis d’accord qu’on ne soit pas d’accord, mais je ne suis pas d’accord qu’on demande aux uns ou aux autres de se taire.

CV: Je n’irais quand même pas jusqu’à rejoindre un parti ou à me présenter à des élections, car je sais que j’aurais peu de chances d’être entendue. Je suis jeune, je n’ai pas beaucoup d’expérience. Alors appartenir à ce mouvement me permet de discuter, de débattre, d’apprendre. Je ne suis pas une experte en climat, mais j’aime réfléchir et je veux continuer à m’engager. Je pense être dans mon rôle.

«L’état étudie un plan»

La lutte contre le réchauffement climatique dépend-elle des individus, du politique ou de l’économie?

Cléa Voisard: Je pense vraiment que cette mobilisation sera suivie d’effets. Pour nous les jeunes, le simple fait de se réunir, de manifester ensemble, nous motive à être plus conséquents dans nos propres choix. Parce qu’on se rend compte qu’on n’est plus tout seuls. L’effet de groupe est bénéfique et motivant. Moi-même, je réfléchis davantage à mon mode de transport, à l’utilisation de l’avion ou de la voiture. J’ai toujours été sensible à cette question, et je le suis encore plus. Mais il faut aller au-delà des efforts individuels si nous voulons sauver la planète. Trier les déchets ne suffira pas.

Didier Castella: Ah non, je ne suis pas d’accord avec vous. Si tout le monde se dit que l’autre n’a qu’à faire un geste et que c’est de la responsabilité des Etats à prendre des décisions, le combat est perdu d’avance. Si vous pensez que ce sont les multinationales qui doivent changer, vous avez tort également. Car elles changeront si les consommateurs changent. Elles n’auront pas d’autres choix que de suivre la tendance.

Léo Tinguely: Ne faites pas dire à Cléa ce qu’elle n’a pas dit. Mais il faut tout de même admettre la responsabilité des entreprises dans le réchauffement climatique. L’Etat se doit d’agir comme un guide pour imposer de nouvelles normes et structures. Il n’y a qu’à voir avec quelle rapidité, en début d’année, les grandes surfaces vendent des fraises. Bien sûr que le consommateur est libre de les acheter. Cependant, ce serait bien plus efficace si le politique intervenait en amont pour freiner cette tendance.

Reste que l’Etat de Fribourg n’est pas inactif. Que prépare-t-il dans ses cuisines?

DC: Nos programmes de soutien à la production d’énergies renouvelables vont continuer et seront même développés. Le plan climat va notamment promouvoir les constructions en bois indigène ou encore les installations de capture de CO2. Nous discutons aussi d’une modification de l’impôt sur les véhicules. Ce ne sont que quelques exemples, car la liste va s’allonger… Je parle tous les jours de mesures concrètes pour diminuer l’impact environnemental.

A part manifester et faire la grève, que proposent ­concrètement les jeunes?

CV: Nos grèves et manifestations poursuivent deux objectifs: forcer les Etats à déclarer l’urgence climatique et à œuvrer pour un bilan carbone neutre en 2030. Il faut sauver notre planète sinon nous ne pourrons bientôt plus vivre ­dessus.

LT: Moi, je trouve indécent, comme l’ont fait certains politiciens dans les médias, de demander à nous, les jeunes, qui ne sommes pas élus, des solutions contre le réchauffement climatique. MAG

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